samedi 4 septembre 2010

L'envers de la préservation

Construite en 1886, la maison Redpath sur l'avenue Ontario (aujourd'hui du Musée) présente un cas très étrange de "préservation". Pas d'immeubles de 32 étages aux alentours, les arbres matures sont préservés, le terrain n'a pas été transformé en parking... c'est quoi l'arnaque?

Résidence de Francis R. Redpath, avenue Ontario (aujourd'hui avenue du Musée) - vers 1890
Photographie | Résidence de Frederick Redpath, avenue Ontario, Montréal, QC, vers 1890 | MP-0000.1817


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Photographie | Résidence de Frederick Redpath, rue Ontario, Montréal, QC, vers 1900 | MP-0000.27.68


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L'arnaque, c'est que l'immeuble est abandonné, à moitié détruit, depuis 1986! Comment une propriété qui doit valoir de l'or, en plein centre-ville, au pied du Mont-Royal, sur une rue tranquille qui semble se porter bien, peut-elle être abandonnée depuis presque 25 ans?

La réponse: Un combat de coqs entre Héritage Montréal et le propriétaire.

En 1986, la famille Sochaczevski achète la maison Redpath et amorce sa démolition. Héritage Montréal, un organisme qui à pour but de protéger le patrimoine architectural de Montréal, obtient une injonction et parvient à stopper les travaux. Malheureusement, la maison et déjà lourdement endommagée.

Le hic, c'est qu'on ne peut pas forcer le propriétaire à reconstruire la partie détruite... Celui-ci jouera donc au bras de fer pendant 24 ans. Si on l'empêche de démolir la maison, dame Nature fera le travail à sa place.

Récemment, les Sochaczevski sont revenus à la charge avec un nouveau projet. Ils veulent démolir les restes de la maison Redpath et construire un édifice de 14 condos sur 7 étages incluant 28 places de parking sous-terrain. Le projet est à l'étude par l'arrondissement Ville-Marie.

Ça serait facile de dépeindre les propriétaires comme les gros méchants loups dans cette histoire... mais en fait, Héritage Montréal, en passant derrière les acheteurs avec leur baguette magique qui change les règles du jeu au cas-par-cas, contribue aussi au problème. Un building neuf de taille et de style approprié aurait pu être construit depuis 20 ans sur les lieux. En insistant pour inclure absolument les restes de la maison originale, Héritage contribue à faire piétiner le dossier (tout comme le propriétaire avec son projet qui ne respecte pas le zonage).

En attendant, ce danger public continue de pourir la valeur des immeubles avoisinants...


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C'est comme ça qu'on préserve le patrimoine de cheu nous...

4 commentaires:

  1. Entendons nous bien… On a là un spéculateur qui a les moyens de dormir depuis plus d’un quart de siècle sur une très grosse propriété.

    Les lois ici n’érigent pas le droit à la propriété en droit absolu; la société a le droit d’exiger des gens un usage responsable de leur propriété, droit de propriété qui n’est qu’un privilège concédé et peut être révoqué à tout moment par expropriation.

    Or, le spéculateur, en insistant sur un projet qui ne répond pas au zonage, viole sa part du contrat social. Il est donc entièrement normal qu’il soit empêché de le faire.

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  2. La maison ne valait pas de l'or en 1986.

    Et le propriétaire était Frederick Redpath, pas Francis

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  3. c'est bien gentil de s'indigner que cette demeure délabrée pourrisse la valeur des maisons autour, mais cette maison délabrée a une valeur architecturale et de mémoire que l'article sous estime je pense. le nouveau propriétaire cherche juste à faire des ronds sur la propriété en essayant de la raser depuis des années. normale que des organismes de protection du patrimoine s'y opposent. il est juste triste que ces memes organismes n'aient pas plus de ressources & d'autorité pour faire des alliances ou proposer des projets qui préserveraient et rénoveraient cette maison à sa splendeur originale.

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